Skozerny voulait-il faire assassiner IKe ?
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Eisenhower
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Mais il est possible, aussi, que le caporal Schmidt se soit fait sincèrement l'écho de bruits qui avaient circulé pendant les semaines d'entraînement. Les hommes de la 150e brigade blindée avaient été l'objet d'une mise en condition poussée, favorisée par leur solitude. Au bout de dix jours, aucune obscurité ne régnait plus sur les objectifs de notre intervention. Les ordonnances du mess des officiers prenaient soin de la dissiper, rapportera Peter Ackermann, ex capitaine Murray Eddy O'Connor. Parmi les bruits mis en circulation, figurait celui d'une intervention. Skorzeny avait tout intérêt à laisser d'autres rumeurs se greffer sur sa propre légende : était-il impossible au libérateur de Mussolini d'enlever Eisenhower, de lancer un raid de parachutistes sur son Q. G., de l'assassiner ? Dans le bouillonnement des imaginations, une telle idée allait presque de soi. Skorzeny, en tout cas, ne s'est jamais défendu d'en avoir favorisé la propagation.
Malgré les assertions de son entourage qui pensait détenir des preuves formelles d'un tel complot, Eisenhower jugea que cette histoire était grandement exagérée, lorsqu'il en fut informé.
- Ce serait un miracle, dit-il, si quelque assassin allemand ambitieux pouvait prévoir que sa victime se trouverait dans tel train, à telle heure, en tel endroit d'Europe.
La réaction la plus imprévue fut celle de Montgomery qui vit là l'occasion de se fournir d'un nouvel état civil : inquiet des réactions des sentinelles américaines, qui ne connaissaient pas les papiers d'identité britanniques, il réclama au commandant de la 9e armée des documents américains, pour se distinguer d'un prétendu espion allemand qui circulait déguisé en faux Montgomery. Il les reçut, malgré les ordres formels de Washington.
La crédulité des alliés se justifiait par la réputation même faite à Skorzeny. Mais un raisonnement serré aurait étayé avec autant de vraisemblance la réaction d'Eisenhower : Skorzeny semblait capable de la plus folle entreprise, à condition qu'elle eût des chances de réussite. Dans l'affaire présente, quel espoir pouvait-il nourrir de se lancer à travers une zone fourmillante de convois, de remonter les routes encombrées de colonnes marchant au front ? Il n'est guère concevable que l'opération ait été envisagée par l'état-major allemand.

De cette équipée, la petite histoire a surtout retenu le projet d'assassinat d'Eisenhower. Ne relève-t-il pas plutôt du chapitre des affabulations, des opérations d'intoxication ?
L'une des origines certaines de la rumeur se décèle dans l'interrogatoire à Liège des commandos capturés le 18 décembre.
- Skorzeny, dirent-ils aux officiers du 2e bureau de la 1 re armée, est en route pour aller assassiner Eisenhower à Versailles. Il circule dans une ambulance américaine chargée de faux blessés. Il a rendez-vous au café de la Paix avec des agents allemands qui lui donneront les derniers détails sur le dispositif de garde qui entoure le commandement allié. D'autres généraux américains seront enlevés.
Cent cinquante hommes étaient chargés de ces rapts, et Skorzeny en conduisait soixante, nota dans ses carnets Harry Butcher, informé par le service de sécurité d'Eisenhower.
Le commandant suprême fut prisonnier chez lui: sentinelles, mitrailleuses, convois armés, préservaient chacun de ses pas. Entre Paris et le front, barrages, patrouilles et contrôles eurent pour résultat de ralentir le rythme des mouvements de soutien de la bataille et de contraindre les unités à renforcer leur propre sécurité dans la zone de l'arrière.
Faut-il mettre en doute la bonne foi des captifs interrogés à Liège ? Notre unité comprenait un groupe de sapeurs chargé de détruire les quartiers généraux et de tuer leur personnel, avait déclaré le caporal Wilhelm Schmidt. On ne peut exclure l'hypothèse d'une leçon bien apprise. La propagande allemande avait des recettes assez subtiles pour avoir imaginé celle-ci.

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Le dernier coup des SS